Introduction
La soumission chimique (SC) est l’administration à l’insu des victimes ou sous la menace d’une substance psychoactive à des fins criminelles ou délictuelles. Depuis août 2021, un mouvement européen de libération de la parole autour du #balancetonbar a mis sous les projecteurs ce signal largement sous notifié. Les témoignages sur les réseaux sociaux portent pour « responsables » les établissements de nuit. Au #balancetonbar, s’ajoute le #MetooGHB attirant l’attention sur la dite « drogue du violeur ». Mais qu’en est-il vraiment de l’usage criminel en milieu festif ?
Matériel et méthode
Le CEIP-Addictovigilance de Paris est responsable de l’enquête SC depuis 2003. Il décrypte le vrai du faux à travers une analyse des données nationales en milieu festif de 2015 à 2020.
Résultats
Au total, 2770 signalements suspects ont été colligés sur les 6 ans dont 1070 en contexte festif (39 %). Ces signalements incluent l’ensemble des délits et crimes facilités par les substances psychoactives : SC suspectée ou avérée et vulnérabilité chimique. Sur l’ensemble des cas suspects et quelle que soit l’année, le contexte festif arrive en 1ère position (38 % en moyenne), suivi de près par le contexte privé (31 %). Violences sexuelles et vols sont majoritairement rapportés, associés ou non à des agressions physiques. On décompte parmi ces signalements, 261 soumissions chimiques vraisemblables (SCV) dont 30 % (n = 77) sont rapportées en contexte festif (vs 44 % ; n = 115 en milieu privé). Boite de nuit (30 % ; 23/77) et bars (23 % ; 18/77) sont les lieux les plus représentés. Comme dans les autres contextes, les médicaments psychoactifs (n = 8) sont les plus incriminés en 2020 ; 8/14) : opiacés (n = 2), benzodiazépines (n = 2), anti-histaminiques (n = 2) et autres sédatifs (n = 2) sont autant de classes thérapeutiques retrouvées. Les drogues illicites se diversifient : dissociatifs (3 Kétamine), stimulants (2 MDMA) et dépresseurs du système nerveux central (1 GHB) sont tous trois identifiées en 2020.
Conclusion
Des cas de SCV en milieu festif sont bel et bien rapportés dans l’enquête, impliquant le plus souvent des médicaments psychoactifs. Le risque majoritaire de vulnérabilité chimique est cependant à souligner. Les établissements festifs n’en demeurent pas moins plus sécurisés que le milieu privé. Campagnes de prévention, formation du personnel et dispositifs d’alerte spécifiques, sont autant de mesures de réduction des risques mise en place pour garantir des fêtes plus sûres.