Fiche : Tabac
Nicotiana tabacum

C’est en Amérique que commence l’histoire du tabac. Si, faute de sources écrites, on ne peut en dater l’usage, les colons espagnols et portugais des premières expéditions de « Découverte des Amériques » en rapportent la consommation médicinale et sacrée par les Natifs.

La part du fumeur

Et c’est reparti !
Mais pas au nom de la morale cette fois ci. Au nom de la santé on a déterré la hache de guerre contre le calumet de la paix en oubliant une chose essentielle. Un fumeur doit fumer ! S’il arrête il risque de devenir un fumeur contrarié. C’est très pénible pour lui-même et son entourage et c’est toujours voué à l’échec.
Sauf évidemment pour ceux qui aiment l’effort pour lui-même et en font un mode de vie. Ça existe, mais plutôt dans le nord, dans le sud on n’est pas des vikings. Autre observation fulgurante : les non-fumeurs ne fument pas. Dans 100% des cas ! C’est un constat. Ça ne leur dit rien. Pour arrêter le tabac sans effort la solution naturelle serait donc de devenir non-fumeur. C’est bien beau mais comment devenir non-fumeur ?
Le rôle du médecin est de vous dire qu’il ne le sait pas mais que vous le pouvez et que bon, je vous laisse, j’ai mon cours de Cha Cha Cha.
Le rôle des médecins c’est de
« rendre aux patients un pouvoir qu’ils veulent qu’on leur prenne »,
pas de les enfumer.

Dr.B
Médecin

Chapitre 1 : Histoire non exhaustive de la place du tabac

C’est en Amérique que commence l’histoire du tabac. Si, faute de sources écrites, on ne peut en dater l’usage, les colons espagnols et portugais des premières expéditions de « Découverte des Amériques » en rapportent la consommation médicinale et sacrée par les Natifs. Ceux-ci brûlent les feuilles de tabac séchées avec de petits morceaux de charbon et en aspirent la fumée, le fument dans des calumets, le chiquent, ou en aspirent les feuilles réduites en poudre.

Ce sont ces explorateurs du Nouveau Monde qui, dès 1493 rapportent le tabac et commencent à en vanter les mérites en Europe. En 1520, on en importe les premières graines et les plantations voient le jour au Portugal. Jean Nicot (qui donnera son nom à la nicotine), ambassadeur du Roi de France à Lisbonne le préconise à la reine Catherine de Médicis pour soulager la migraine. Surnommé « Herbe à la Reine », la mode de la prise du tabac va se répandre dans toutes les Cours. En Europe comme dans le reste du monde, l’ère du tabac est lancée.

Un extrait de l’Histoire élémentaire des drogues, des origines à nos jours. Antonio Escohotado.

De Jacques Ier roi d’Angleterre au tsar Michel Fedorovitch en passant par le sultan Mourad IV et le ou les Empereurs Ming : à travers le globe on condamne l’usage du tabac dont la fumée et l’extase qu’il provoque sont associés au Mal.

Jacques Ier condamnera l’utilisation d’une substance « dont la ….. évoque l’horreur d’un enfer insupportable, empli de ……. ……….. ………. ». Cette invasion du monde par une drogue inconnue, sous le contrôle de l’Espagne et l’Angleterre, ne pouvait laisser indifférents les autres gouvernements de l’Europe. Au milieu du XVIIe siècle, le tsar Michel Fedorovitch ordonnera que l’on torture les …… pour leur faire avouer les noms de leurs fournisseurs, et que l’on coupe ensuite le nez à tout ce beau monde. À cette même époque, le sultan Mourad IV « aimait surprendre les hommes en train de …… y compris sur le champ de bataille, et les faisait décapiter, écarteler ou amputer des pieds et des mains ». En 1640, le dernier empereur de la dynastie Ming décrétera la peine de mort pour les trafiquants et les consommateurs de ……. Deux ans plus tard, en 1962, le pape Urbain VIII excommunie tous ceux qui « s’autorisent un abus aussi répugnant dans le voisinage des diocèses et de leurs annexes », sans doute en pensant aux prêtres. Huit en plus tard, toute utilisation …… est interdite en Bavière, en Saxe et à Zürich et peu après en Transylvanie, à Berne et en Suède. Le chah de Perse décrète la peine de mort pour cet « abus », et en 1691, à Lüneberg, en Allemagne, on condamnait au pilori toute personne qui ……. ……… …………. Cette habitude était considérée comme une « effronterie » nouvelle, étrange et intolérable. Mais à la suite de l’Espagne et l’Angleterre, le Portugal (1664), l’Autriche (1670) et la France (1674) décideront d’en taxer le commerce. L’air du temps libéral du XVIIIe siècle fera mollir la sévérité des châtiments, et ceux-ci tomberont en désuétude.

Par exemple, en Russie, Pierre le Grand renoncera aux tortures et aux mutilations, et vendra au trust anglais …….. la légalisation de cette drogue pour la somme de 15 000 livres sterling. Le pape aussi reconsidérera son attitude, et Benoît XIII acceptera l’« ivresse sèche » pour « évitera aux fidèles le spectacle scandaleux de dignitaires de l’Église s’éclipsant du sanctuaire pour aller ……. en cachette » Déjà en 1620 avait paru un petit traité intitulé Le …….. panacée universelle, dont l’auteur était un certain J. Leander, qui prenait la défense du ……, parce qu’il « produit l’extase et permet de communiquer avec les dieux ».

Après ces quelques oppositions plus superstitieuses que médicales, les Etats décident d’autoriser la consommation, mais surtout de taxer le tabac. Richelieu le mettra en place en France dès 1629, suivi par un monopole de la fabrication et de la vente en 1681 édité par Colbert. Supprimé par la révolution de 1789 et remis en vigueur par Napoléon, il faudra attendre les années 2000 pour voir le désengagement de l’Etat de production et de la distribution de cigarettes, soit 319 ans de monopole étatique sur le tabac.

L’après-guerre voit une croissance sans contrainte du marché du tabac. En France la consommation nationale passe de 62 à 102 tonnes par an entre 1950 et 1976 : un marché monopolistique plus que juteux pour les caisses de l’Etat qui en augmente la fiscalité.

Les publicitaires travaillent à plein régime à associer le tabac à la virilité pour les hommes, à l’émancipation pour les femmes, à l’affirmation de soi pour les jeunes, à la convivialité pour tous. Les fumeurs sont plus nombreux, mais surtout ils fument plus.

Pourtant, dès 1950, le Professeur Lemaire publie dans Le Monde un article au titre explicite « Le tabac est-il toxique ? ». Y sont mis en balance méfaits (irritations, troubles digestifs, nerveux et neuropsychologiques, la congestion hépatique) et bienfaits (bactéricides et diurétiques) du tabac. Au même moment, les professeurs britanniques Richard Doll et Austin Bradford Hill mettent en avant les liens directs entre consommation de tabac et cancers de la langue et des poumons.

De son côté l’Etat, est tiraillé entre un message scientifique alarmant et un potentiel sabordage de la production de la SEITA (Société d’Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes), alors placée sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances. Solution est trouvée de lancer un Groupe d’Études de la Fumée et du Tabac composé de chercheurs agronomes et de techniciens pour diminuer la quantité de goudrons dans les mélanges de tabac et améliorer la qualité des filtres et des papiers.

En 1957, 70% des non-fumeurs et 64% des fumeurs citent les problèmes de santé comme inconvénient majeur à la consommation de cigarettes. Le message scientifique est pris au sérieux, sans pour autant se traduire par une vraie diminution de la consommation.

“Il est du devoir d’un Monopole d’État d’exposer cette question en toute franchise, [même] s’il est quelque peu délicat, pour un fabricant, d’aborder la question des effets que peuvent avoir ses produits sur la santé de ceux qui les consomment. […] Il est généralement admis qu’il existe un risque lié à l’usage du tabac, et plus spécialement des cigarettes. S’il convient de ne pas en contester l’existence, il convient aussi de ne pas l’exagérer.”

« Le public doit être informé avec le maximum d’objectivité, dans un esprit de large tolérance et de respect des libertés individuelles. Il faut éviter toute action qui pourrait être inspirée par un esprit de répression à l’égard des fumeurs. Il ne s’agit, en effet, nullement de persécuter les fumeurs, mais bien de les informer et de les aider lorsqu’ils souhaitent s’arrêter de fumer. » Simone Veil, Ministre de la Santé, le 16 septembre 1975

Tabac et Santé : bulletin du Comité national contre le tabagisme, 20, 4e trim. 1975, p. 5.
Avec près de vingt ans de retard sur les études scientifiques, la France promulgue dans les années 70 les premières lois dites « anti-tabac ». La loi Veil du 9 juillet 1976 s’attaque principalement à la publicité, prévoit des interdictions de fumer dans certains lieux à usage collectif et impose l’inscription de la mention « Abus dangereux » sur les paquets, ainsi que la composition des cigarettes et leur quantité moyenne de nicotine et goudrons.

La même année, le CNCT, Comité National Contre le Tabagisme, reconnu d’utilité publique, décrit le tabac comme « une drogue contre laquelle il faut lutter ». L’idée selon laquelle, même consommé modérément, le tabac reste dangereux, se répand peu à peu. Pour blanchir son image, la SEITA va réduire les taux de goudrons dans les cigarettes françaises : ceux-ci passent de 30mg en 1960 à 25 en 1970, pour environ 11mg en 1991. C’est la naissance des cigarettes dites « légères » en opposition au tabac « français » brun et fort. Réputées moins dangereuses elles sont plébiscitées par des publicités tournées vers les femmes qu’elles séduisent tout particulièrement. Ainsi, si la part de fumeurs dans la population passe de 72% en 1967 à 46% en 1991, la part des fumeuses, elle, passe de 32 à 35% sur cette même période.

En 1987, un rapport du Professeur Albert Hirsch, alors chef du service de pneumologie à l’Hôpital Saint-Louis à Paris, à la ministre de la Santé Michèle Barzach, fait état de 53 000 morts annuelles imputables à la consommation de tabac, soit 10% des décès en France. Il évoque un « désastre sanitaire et social » lié au tabac dont il place l’usage « en tête de toutes les causes connues du cancer ». Mettant en avant les premières connaissances liées au tabagisme passif, Hirsch urge à une action de l’État.

Pour la première fois, on associe la consommation de tabac à une toxicomanie :

« L’USAGE DU TABAC ÉVOQUE UNE DÉPENDANCE TOXICOMANIAQUE. EN EFFET LE FUMEUR OBÉIT À UNE PULSION IRRÉSISTIBLE QUI LE FORCE À PERSÉVÉRER DANS SON COMPORTEMENT MÊME S’IL LE JUGE NÉFASTE. IL S’AGIT DONC D’UNE DÉPENDANCE, AU SENS DÉFINI PAR L’OMS EN 1975, AU MÊME TITRE QUE L’ON PEUT ÊTRE DÉPENDANT DES OPIACÉS ET DE L’ALCOOL. »

Albert Hirsch, La Lutte contre le tabagisme, propositions au ministre délégué à la santé, septembre 1987.

Sans surprise, ces conclusions et recommandations seront largement remises en cause par les fabricants de cigarettes, y compris par le PDG de la SEITA :

« LE TABAC EST INDISCUTABLEMENT UN FACTEUR DE RISQUE POUR LA SANTÉ, MAIS IL NE FAUT PAS ÉTABLIR UN LIEN DE CAUSALITÉ SYSTÉMATIQUE ENTRE SA CONSOMMATION ET LES EFFETS PATHOLOGIQUES DONT ON PARLE. »

Le Monde, 30 septembre 1987.

Pourtant, c’est la vision d’Hirsch qui remporte cette bataille et fait basculer le paradigme : si les maîtres mots de la loi Veil étaient « tolérance et prévention », la loi Evin de 1991 relance la lutte contre le tabagisme : « Ne pas fumer est la norme, fumer ne peut être que dérogatoire à cette norme et délimité dans des conditions précises. »

Ces conditions sont fixées dans le décret d’application de mai 1992 : les lieux affectés à un usage collectif deviennent non-fumeurs, sauf dans les emplacements spécifiquement aménagés. L’encadrement de la publicité se durci et dans les messages de prévention, la mortalité prend le pas sur la dangerosité. En 2009, le message sur les paquets de cigarettes devient « Fumer tue », les photos sont de plus en plus morbides.

La consommation de tabac en prend coup : les Français qui en consommaient 98 tonnes en 1991 en consomment 55 tonnes en 2008.

Fumer est perçu comme une consommation dangereuse, une toxicomanie légale associée aux notions péjoratives de gêne, de risque, d’accoutumance, de mort. De même, le tabagisme passif passe de la nuisance (la fumée de tabac qui dérange) à la toxicité (la fumée menace la santé de celui qui la respire)¹.

« Fumer n’est plus la norme, il faut donc empêcher les Français de s’adonner à ce qui apparaît comme une consommation dangereuse, une toxicomanie légale. Les années 1990 ont consacré l’extension de la notion de drogue au tabac ; aujourd’hui, les spécialistes du droit de la drogue le classent avec l’alcool dans la famille des drogues licites récréatives. »(²)


En 70 ans, le tabac a glissé du côté du malsain : la science et la loi ont envahi le marché à grand coups de rapports, de campagnes d’information, de polémiques qui ont achevé d’entériner la dangerosité du produit. D’une consommation anodine, synonyme de virilité, d’émancipation, d’affirmation de soi et de convivialité, le tabac endosse désormais des charges émotionnelle (c’est la santé du corps qui est en jeu), et politique (c’est la santé publique qui est en jeu) fortes.

¹(Myriam Mascarello, « L’exemple de la lutte contre le tabagisme en France : le cas de la loi Evin », in Émile Malet (dir.), Santé publique et libertés individuelles, Paris, Passages, 1993, p. 179.)

² Godeau, Éric. « Comment le tabac est-il devenu une drogue ? La société française et le tabac de 1950 à nos jours », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 102, no. 2, 2009, pp. 105-115.

² Yann Bisiou et Francis Caballero, Droit de la drogue, Paris, Dalloz, 2000 ; Rapport de la Commission de réflexion sur la drogue et la toxicomanie, Paris, La Documentation française, 1995.

Chapitre 2 : Tabacologie, le tabac qu’est-ce que c’est et qu’est-ce que ça fait ?

« Substance PsychoActive : toute substance (naturelle ou synthétique) qui, lorsqu’elle est ingérée ou administrée, altère mentaux, comme les fonctions cognitives ou l’affect.» (OMS)

Les Substances Psycho Actives sont de trois sortes : les dépresseurs, les stimulants et les perturbateurs. Leurs effets, plus ou moins combinés sont : l’euphorie, l’excitation la sédation l’hallucination, l’ivresse.

D’abord on consomme les substances psychoactives pour les effets qu’elles procurent. On veut se désinhiber pour favoriser la communication, avoir un regain d’énergie, stimuler ses perceptions, se détendre. Mais surtout on en consomme pour le plaisir qu’elles procurent.

Pour autant, l’usage de SPA n’est pas sans conséquences et présente plusieurs risques : la toxicité aigüe à l’image d’une personne ivre qui aurait un accident de la route, la toxicité chronique d’un fumeur qui développerait des bronchites chroniques. Ces deux formes d’intoxication nuisent à la santé, au bien bien-être physique, mental et social de l’individu. Le troisième risque associé à l’usage est la dépendance à la fois physique et psycho-comportementale, celle qui pousse à continuer à consommer, même en cas de toxicité chronique. Il s’agit d’un état pathologique et l’on parle alors d’addiction.

L’addiction est une perturbation du système de récompense, un trouble de la perception de ce que l’on pense être bon ou mauvais.

Certaines substances, lorsqu’elles sont consommées, certaines actions, provoquent dans le cerveau (dans l’aire tegmentale ventrale pour être précis) une sécrétion de dopamine, la fameuse « hormone du bonheur ». Le cerveau va ensuite garder en mémoire et associer ce plaisir à l’action qui l’a procurée : c’est ce qui permet nous de reconnaitre ce qui nous est bon. Mais si une consommation de substance psychoactive ou un comportement particulier, qui procure beaucoup de plaisir et de soulagement, est répété ou trop régulier, ce système de récompense peut être perturbé et les plaisirs « naturels » passer au second plan.

Une dépendance physique se crée alors à ces substances ou actions. C’est tout le système qui est perturbé : on entre dans une situation d’addiction, un trouble de l’usage mais surtout du désir.

Car ce qui caractérise l’addiction c’est cette notion de désir, de craving : une envie irrésistible de consommer/d’agir qui n’a rien à voir avec le sevrage physique.

C’est à ce moment que l’addiction s’autonomise et échappe au contrôle de l’individu : malgré une envie indéniable, il est parfois impossible de ne pas consommer.

• Prévalence du tabagisme en France que la population générale : 25,5 %.
• Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France : 75 000 morts / an, soit un stade de France chaque année.
• 2 fumeurs sur 3 meurent directement du tabac : cancers, maladies cardio-vasculaires, diabètes, maladies des poumons (BPCO)…
• La nicotine du tabac est l’une des substances psychoactives les plus addictives : 1/3 des fumeurs sont dépendants.
• Même les cigarettes occasionnelles peuvent entrainer des dégâts sur la santé et des débuts de dépendance.
• Plus on arrête tôt, mieux c’est ! Il y a toujours des bénéfices à l’arrêt, quel que soit l’âge.

es principaux effets recherchés sont l’amélioration de la concentration, de l’humeur et la régulation de l’appétit.

Lorsque l’on place le tabac dans un cube de dangerosité pharmacologique, on réalise que malgré une intensité des effets faible, sa toxicité et la dépendance qu’il induit sont tous deux parmi les plus forts.

Cancers : ORL, Poumons, Estomac, Côlon, Pancréas, Rein / Vessie, Utérus.
Problèmes cardiaques ++.
Troubles respiratoires : Toux chronique, BPCO, pneumonie, aggravation de l’asthme.
Troubles psychiatriques : risques accrus de dépression et d’anxiété chronique, diminution des effets thérapeutiques des neuroleptiques.
Troubles cognitifs : déclin cognitif général, diminution de la vitesse de traitement de l’information cognitive, troubles de l’attention, troubles de l’apprentissage et de la mémoire.
Autres : troubles de la libido et fonction érectile, cataracte, complications post-opératoires, ulcère gastrique et troubles digestifs, fractures, troubles du sommeil…
Réduction de qualité et de l’espérance de vie ++ : entre 6 et 10 ans de moins.

On fume parce que comme on l’a vu précédemment, le tabac est hautement addictif physiquement, mais également psychologiquement et comportementalement.

 

Lorsque l’on fume, la nicotine contenue dans le tabac mets moins de 10 secondes à arriver au cerveau : le shoot de dopamine est ultra rapide. Le circuit de récompense qui associe cigarette à plaisir se met alors en place très rapidement et il n’en faut pas plus au cerveau pour associer cigarette à plaisir. Le contact répété avec la substance va désensibiliser les neurotransmetteurs et bientôt, il faudra augmenter les doses pour avoir le même effet, ou souffrir d’anxiété.

Mais il faut bien noter que c’est la nicotine du tabac qui provoque cette tolérance et cette dépendance. Les études ont montré que si tabac + nicotine étaient hautement addictifs et très toxiques à cause de la combustion et de la fumée qui contient des goudrons et monoxyde de carbone cancérigènes, la nicotine seule était à la fois bénigne : ni dangereuse ni cancérigène, et très peu addictive !

 

Fumer peut devenir un réflexe, une habite ou un rituel confortable, que ce soit après le repas, avec un café, à heures fixes, en attendant le bus… Parfois la cigarette est amenée par la pression sociale : pour appartenir aux cools de son lycée, se donner une contenance en soirée, avec ses collègues à la pause. Certains fument aussi par ennui : c’est un réflexe que le cerveau amène car c’est une solution rapide, efficace et peu coûteuse en énergie de combler le temps.

 

Ce sont alors des situations et des contextes qui vont générer les cravings : ces envies de fumer, bien que puissantes ne durent que quelques minutes. Le plus efficace pour s’en défaire c’est de fumer et c’est là tout le problème. Néanmoins, en plus de la substitution si elle est acceptée, une des solutions qui marchent sont les TCC avec des astuces comportementales et entretiens motivationnels pour briser ces pensées réflexes et donc les automatismes qui poussent à fumer.

– Estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme, Santé Publique France, 2019.

– Vermeulen JM, Schirmbeck F, Blankers M, Van Tricht M, Bruggeman R, Van Den Brink W. Lieuwe de Haan. Association Between Smoking Behavior and Cognitive Functioning in Patients With Psychosis, Siblings, and Healthy Control Subjects: Results From a Prospective 6-Year Follow-Up Study. Genetic Risk and Outcome of Psychosis (GROUP) investigators. 2018.

– Anstey KJ, von Sanden C, Salim A, et al. : Le tabagisme comme facteur de risque de démence et de déclin cognitif : une méta-analyse d’études prospectives . Am J Epidemiol 2007 ; 166:367-378.

Chapitre 3 : Pourquoi arrêter de fumer ?

Quelques chiffres clefs sur l’arrêt du tabac

Votre pression sanguine et vos pulsations cardiaques retrouvent leur rythme normal.

Vous avez complètement éliminé de votre cors le monoxyde de carbone. Vos poumons commencent à chasser mucus et les résidus de fumée. Votre corps ne contient plus de nicotine. C’est à ce moment qu’un syndrome de manque peut apparaître.

Votre odorat et votre goût s’améliorent, votre respiration aussi. Votre énergie augmente.

Dès la fin de votre dernière cigarette, vous contribuer à assainir votre environnement : les odeurs liées au tabac disparaissent, les murs, tissus et vitres ne jaunissent plus et se salissent moins vite.

Mais pourquoi on se drogue ?

Les problèmes respiratoires et la toux du tabagisme s’apaisent, votre voix devient plus claire. Votre souffle continue de s’améliorer : vous êtes de moins en moins essoufflé. Votre peau commence aussi à mieux se porter : votre teint s’éclaircit, vos rides sont moins marquées, vos dents sont plus blanches, votre haleine devient plus agréable. Les troubles de l’érection chez l’homme disparaissent ou diminuent, la fertilité chez l’homme comme chez la femme augmente. Le stress physique diminue : vous êtes plus calme, concentré·e, serein·e. Cela signifie que vous avez réussi votre sevrage à la nicotine.

Votre risque d’infarctus du myocarde diminue de moitié. Celui d’accident vasculaire cérébral rejoint celui d’un non-fumeur. Le risque de cancer du poumon diminue également, même s’il varie selon l’âge de l’arrêt : à 75 ans, le risque cumulé de décès par cancer du poumon est de 16 % chez ceux qui continuent à fumer, de 6 % chez ceux ayant arrêté à 50 ans, et de 2 % seulement chez ceux ayant arrêté à 30 ans.

Globalement, en arrêtant le tabac, votre espérance de vie augmente : en arrêtant à 40ans, elle augmente de sept ans, à 50 ans de 4 ans et à 60 ans de 3 ans. Néanmoins, à tout âge, les bénéfices de l’arrêt du tabac sont notables ! Consultez l’article « Il n’y a pas d’âge pour arrêter de fumer ! »

La dépendance physique dure entre 3 semaines et 3 mois en fonction des personnes : c’est le temps moyen pour que les récepteurs nicotiniques reviennent à un taux normal.

Dès votre dernière cigarette, vous préservez votre entourage des dangers du tabagisme passif et montrez aux plus jeunes l’image d’un adulte non-fumeur.

Dès la fin de votre dernière cigarette, vous contribuer à assainir votre environnement : les odeurs liées au tabac disparaissent, les murs, tissus et vitres ne jaunissent plus et se salissent moins vite.

Diagnostiquez votre profil de fumeur et retrouvez d’autres conseils pour arrêter ou tenir l’arrêt sur :

Chapitre 4 : Arrêter seul ou être accompagné par un professionnel ?

On l’entend souvent : ce qui compte dans l’arrêt du tabac, c’est la volonté. Il est vrai que la plupart des fumeurs arrêtent sans l’aide de professionnels de santé, en diminuant progressivement le nombre de cigarettes fumées par jour ou d’un coup. Au besoin, ils utilisent des traitements de substituts nicotiniques en vente libre à la pharmacie.

 

Groupes d’entraide en ligne, #MoisSansTabac … arrêter de fumer en groupe peut être très bénéfique. Les groupes d’ex-fumeurs, présents en particulier sur Facebook permettent d’échanger des ressentis, de poser des questions, de recevoir des conseils…

 

Être accompagné par un professionnel de santé dans son arrêt du tabac, c’est 70% de chances en plus de réussir son sevrage (source : https://www.tabac-info-service.fr/j-arrete-de-fumer/j-arrete-seul-ou-accompagne). Qu’il s’agisse de votre médecin traitant, d’un tabacologue ou de tout autre professionnel de santé, ces professionnels sauront vous conseiller des méthodes adaptées à votre tabagisme.

Quelles méthodes pour arrêter de fumer ?

Ces substituts, remboursés par la Sécurité sociale, peuvent être prescrits dans le cadre d’un arrêt immédiat, pour réduire la consommation de cigarettes en vue d’un arrêt ultérieur, dans le cadre d’une impossibilité temporaire de fumer (voyage, hospitalisation etc). Ils peuvent être utilisés dès l’âge de 15ans et sont remboursés sans limitation de durée ni de posologie.
S’ils sont contre-indiqués pour les non-fumeurs ou en cas d’allergie ou d’hypersensibilité aux composants, ils sont recommandés chez les patients coronariens fumeurs, chez les femmes enceintes en cas de poursuite du tabagisme. Ils peuvent également être utilisés par les femmes allaitantes.

Comme expliqué dans le graphique ci-contre, les substituts ne permettent pas une arrivée de nicotine au cerveau aussi rapide qu’une cigarette. Les substituts nicotiniques contribuent en plus à une diminution de l’activité des récepteurs nicotiniques qui se déshabituent
et petit à petit entrainent une diminution de l’envie de fumer.
Cette nicotine médicale est également absorbée beaucoup plus lentement et ne produit pas les effets addictifs de la nicotine fumée : c’est pour cela que les envies de fumer peuvent persister ! Elles sont toutefois fortement atténuées.

 

La cigarette électronique ou vapoteuse


La cigarette électronique ou vapoteuse
Prisée par celles et ceux pour qui la gestuelle est importante, la vapoteuse permet de réduire les risques pour la santé tout en gérant son taux de nicotine. Elles sont également appréciées et utilisées, car elles provoquent le « Throat hit » : une sensation connue et recherchée par les fumeurs.
Elles ne contiennent pas de tabac mais de l’eau, de la glycérine végétale, du propylène glycol, des substances aromatisantes, des solvants, de l’alcool et de la nicotine (bien que certains liquides n’en contiennent pas !) Les dosages sont variables (0, 3, 6, 9, 12, 18, 20 mg/mL) et permettent de doser son apport en nicotine. Les liquides vendus en France sont contrôlés par la certification AFNOR.

« Thérapie brève qui vise à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées et des réactions en adéquation avec la réalité. »

Ce sont des thérapies psychologiques qui aident les personnes à modifier et à adapter un comportement ou un système de pensées. Elles agissent à la fois sur l’aspect cognitif qui peut être résumé par la lutte entre la volonté de la personne et l’effet pharmacologique du tabac sur son cerveau. Les TCC jouent aussi sur l’aspect comportemental : toutes les actions fréquentes du fumeur dans son quotidien.

Ces thérapies fonctionnent selon trois principes :

Un comportement renforcé est un comportement qui va se maintenir : si une personne fume quand elle se sent stressée, son comportement tabagique augmentera probablement dans les situations stressantes ;
Un apprentissage souvent répété ne peut se désapprendre : il faudra alors aider le fumeur à mettre en place un nouveau comportement et donc à modifier ses habitudes.
Un tel changement ne peut s’établir qu’avec une forte motivation : à la fois de la part du fumeur, mais également de son entourage
Concrètement, il s’agit d’apprendre et de mettre en place des stratégies d’évitement ou de remplacement du geste de fumer.

Dans certains cas, si le fumeur n’arrive pas à arrêter avec des substituts nicotiniques, un médecin peut prescrire des traitements médicamenteux. Une surveillance médicale est alors nécessaire pour en vérifier l’efficacité et surveiller l’apparition d’éventuels effets secondaires.

Ces traitements sont le bupropion qui n’est pas remboursé par la Sécurité sociale et surtout la varénicline (actuellement non disponible en raison d’un problème de production).

D’autres méthodes peuvent fonctionner comme l’hypnose, l’acuponcture, la sophrologie, les plantes, l’homéopathie, le magnétisme… elles ne sont pas validées scientifiquement mais peuvent vous aider en complément de stratégies validées. Mais attention aux arnaques qui vendent du miracle à prix d’or !

 

Recommandation de bonne pratique « Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence en premier recours », HAS, 2014.

https://www.tabac-info-service.fr/j-arrete-de-fumer/j-arrete-seul-ou-accompagne

Cochrane Database of Systematic Reviews 2012 : «Behavioural interventions as adjuncts to pharmacotherapy for smoking cessation».

Addictive Behaviors 2013 : «Behavioural therapy for smoking cessation: The effectiveness of different intervention types for disadvantaged and affluent smokers».

“ Traiter l’addiction au tabac avec les TCC”. Guichenez Philippe, Dunod 2017.