Fiche : Tabac
Nicotiana tabacum

C’est en Amérique que commence l’histoire du tabac. Si, faute de sources écrites, on ne peut en dater l’usage, les colons espagnols et portugais des premières expéditions de « Découverte des Amériques » en rapportent la consommation médicinale et sacrée par les Natifs.

Tabacologie, le tabac qu’est-ce que c’est et qu’est-ce que ça fait ?

« Substance PsychoActive : toute substance (naturelle ou synthétique) qui, lorsqu’elle est ingérée ou administrée, altère l’activité mentale, comme les fonctions cognitives ou l’affect.» (OMS)

Les Substances Psycho Actives sont de trois sortes : les dépresseurs, les stimulants et les perturbateurs. Leurs effets, plus ou moins combinés sont : l’euphorie, l’excitation la sédation l’hallucination, l’ivresse.

D’abord on consomme les substances psychoactives pour les effets qu’elles procurent. On veut se désinhiber pour favoriser la communication, avoir un regain d’énergie, stimuler ses perceptions, se détendre. Mais surtout on en consomme pour le plaisir qu’elles procurent.

Pour autant, l’usage de SPA n’est pas sans conséquences et présente plusieurs risques : la toxicité aigüe à l’image d’une personne ivre qui aurait un accident de la route, la toxicité chronique d’un fumeur qui développerait des bronchites chroniques. Ces deux formes d’intoxication nuisent à la santé, au bien bien-être physique, mental et social de l’individu. Le troisième risque associé à l’usage est la dépendance à la fois physique et psycho-comportementale, celle qui pousse à continuer à consommer, même en cas de toxicité chronique. Il s’agit d’un état pathologique et l’on parle alors d’addiction.

L’addiction est une perturbation du système de récompense, un trouble de la perception de ce que l’on pense être bon ou mauvais.

Certaines substances, lorsqu’elles sont consommées, certaines actions, provoquent dans le cerveau (dans l’aire tegmentale ventrale pour être précis) une sécrétion de dopamine, la fameuse « hormone du bonheur ». Le cerveau va ensuite garder en mémoire et associer ce plaisir à l’action qui l’a procurée : c’est ce qui permet nous de reconnaitre ce qui nous est bon. Mais si une consommation de substance psychoactive ou un comportement particulier, qui procure beaucoup de plaisir et de soulagement, est répété ou trop régulier, ce système de récompense peut être perturbé et les plaisirs « naturels » passer au second plan.

Une dépendance physique se crée alors à ces substances ou actions. C’est tout le système qui est perturbé : on entre dans une situation d’addiction, un trouble de l’usage mais surtout du désir.

Car ce qui caractérise l’addiction c’est cette notion de désir, de craving : une envie irrésistible de consommer/d’agir qui n’a rien à voir avec le sevrage physique.

C’est à ce moment que l’addiction s’autonomise et échappe au contrôle de l’individu : malgré une envie indéniable, il est parfois impossible de ne pas consommer.

• Prévalence du tabagisme en France que la population générale : 25,5 %.
• Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France : 75 000 morts / an, soit un stade de France chaque année.
• 2 fumeurs sur 3 meurent directement du tabac : cancers, maladies cardio-vasculaires, diabètes, maladies des poumons (BPCO)…
• La nicotine du tabac est l’une des substances psychoactives les plus addictives : 1/3 des fumeurs sont dépendants.
• Même les cigarettes occasionnelles peuvent entrainer des dégâts sur la santé et des débuts de dépendance.
• Plus on arrête tôt, mieux c’est ! Il y a toujours des bénéfices à l’arrêt, quel que soit l’âge.

es principaux effets recherchés sont l’amélioration de la concentration, de l’humeur et la régulation de l’appétit.

Lorsque l’on place le tabac dans un cube de dangerosité pharmacologique, on réalise que malgré une intensité des effets faible, sa toxicité et la dépendance qu’il induit sont tous deux parmi les plus forts.

Cancers : ORL, Poumons, Estomac, Côlon, Pancréas, Rein / Vessie, Utérus.
Problèmes cardiaques ++.
Troubles respiratoires : Toux chronique, BPCO, pneumonie, aggravation de l’asthme.
Troubles psychiatriques : risques accrus de dépression et d’anxiété chronique, diminution des effets thérapeutiques des neuroleptiques.
Troubles cognitifs : déclin cognitif général, diminution de la vitesse de traitement de l’information cognitive, troubles de l’attention, troubles de l’apprentissage et de la mémoire.
Autres : troubles de la libido et fonction érectile, cataracte, complications post-opératoires, ulcère gastrique et troubles digestifs, fractures, troubles du sommeil…
Réduction de qualité et de l’espérance de vie ++ : entre 6 et 10 ans de moins.

On fume parce que comme on l’a vu précédemment, le tabac est hautement addictif physiquement, mais également psychologiquement et comportementalement.

 

Lorsque l’on fume, la nicotine contenue dans le tabac mets moins de 10 secondes à arriver au cerveau : le shoot de dopamine est ultra rapide. Le circuit de récompense qui associe cigarette à plaisir se met alors en place très rapidement et il n’en faut pas plus au cerveau pour associer cigarette à plaisir. Le contact répété avec la substance va désensibiliser les neurotransmetteurs et bientôt, il faudra augmenter les doses pour avoir le même effet, ou souffrir d’anxiété.

Mais il faut bien noter que c’est la nicotine du tabac qui provoque cette tolérance et cette dépendance. Les études ont montré que si tabac + nicotine étaient hautement addictifs et très toxiques à cause de la combustion et de la fumée qui contient des goudrons et monoxyde de carbone cancérigènes, la nicotine seule était à la fois bénigne : ni dangereuse ni cancérigène, et très peu addictive !

 

Fumer peut devenir un réflexe, une habite ou un rituel confortable, que ce soit après le repas, avec un café, à heures fixes, en attendant le bus… Parfois la cigarette est amenée par la pression sociale : pour appartenir aux cools de son lycée, se donner une contenance en soirée, avec ses collègues à la pause. Certains fument aussi par ennui : c’est un réflexe que le cerveau amène car c’est une solution rapide, efficace et peu coûteuse en énergie de combler le temps.

 

Ce sont alors des situations et des contextes qui vont générer les cravings : ces envies de fumer, bien que puissantes ne durent que quelques minutes. Le plus efficace pour s’en défaire c’est de fumer et c’est là tout le problème. Néanmoins, en plus de la substitution si elle est acceptée, une des solutions qui marchent sont les TCC avec des astuces comportementales et entretiens motivationnels pour briser ces pensées réflexes et donc les automatismes qui poussent à fumer.

– Estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme, Santé Publique France, 2019.

– Vermeulen JM, Schirmbeck F, Blankers M, Van Tricht M, Bruggeman R, Van Den Brink W. Lieuwe de Haan. Association Between Smoking Behavior and Cognitive Functioning in Patients With Psychosis, Siblings, and Healthy Control Subjects: Results From a Prospective 6-Year Follow-Up Study. Genetic Risk and Outcome of Psychosis (GROUP) investigators. 2018.

– Anstey KJ, von Sanden C, Salim A, et al. : Le tabagisme comme facteur de risque de démence et de déclin cognitif : une méta-analyse d’études prospectives . Am J Epidemiol 2007 ; 166:367-378.

Pourquoi arrêter de fumer ?

Quelques chiffres clefs sur l’arrêt du tabac

Votre pression sanguine et vos pulsations cardiaques retrouvent leur rythme normal.

Vous avez complètement éliminé de votre cors le monoxyde de carbone. Vos poumons commencent à chasser mucus et les résidus de fumée. Votre corps ne contient plus de nicotine. C’est à ce moment qu’un syndrome de manque peut apparaître.

Votre odorat et votre goût s’améliorent, votre respiration aussi. Votre énergie augmente.

Dès la fin de votre dernière cigarette, vous contribuer à assainir votre environnement : les odeurs liées au tabac disparaissent, les murs, tissus et vitres ne jaunissent plus et se salissent moins vite.

Les problèmes respiratoires et la toux du tabagisme s’apaisent, votre voix devient plus claire. Votre souffle continue de s’améliorer : vous êtes de moins en moins essoufflé. Votre peau commence aussi à mieux se porter : votre teint s’éclaircit, vos rides sont moins marquées, vos dents sont plus blanches, votre haleine devient plus agréable. Les troubles de l’érection chez l’homme disparaissent ou diminuent, la fertilité chez l’homme comme chez la femme augmente. Le stress physique diminue : vous êtes plus calme, concentré·e, serein·e. Cela signifie que vous avez réussi votre sevrage à la nicotine.

Votre risque d’infarctus du myocarde diminue de moitié. Celui d’accident vasculaire cérébral rejoint celui d’un non-fumeur. Le risque de cancer du poumon diminue également, même s’il varie selon l’âge de l’arrêt : à 75 ans, le risque cumulé de décès par cancer du poumon est de 16 % chez ceux qui continuent à fumer, de 6 % chez ceux ayant arrêté à 50 ans, et de 2 % seulement chez ceux ayant arrêté à 30 ans.

Globalement, en arrêtant le tabac, votre espérance de vie augmente : en arrêtant à 40ans, elle augmente de sept ans, à 50 ans de 4 ans et à 60 ans de 3 ans. Néanmoins, à tout âge, les bénéfices de l’arrêt du tabac sont notables ! Consultez l’article « Il n’y a pas d’âge pour arrêter de fumer ! »

La dépendance physique dure entre 3 semaines et 3 mois en fonction des personnes : c’est le temps moyen pour que les récepteurs nicotiniques reviennent à un taux normal.

Dès votre dernière cigarette, vous préservez votre entourage des dangers du tabagisme passif et montrez aux plus jeunes l’image d’un adulte non-fumeur.

Dès la fin de votre dernière cigarette, vous contribuer à assainir votre environnement : les odeurs liées au tabac disparaissent, les murs, tissus et vitres ne jaunissent plus et se salissent moins vite.

Arrêter seul ou être accompagné par un professionnel ?

On l’entend souvent : ce qui compte dans l’arrêt du tabac, c’est la volonté. Il est vrai que la plupart des fumeurs arrêtent sans l’aide de professionnels de santé, en diminuant progressivement le nombre de cigarettes fumées par jour ou d’un coup. Au besoin, ils utilisent des traitements de substituts nicotiniques en vente libre à la pharmacie.

 

Groupes d’entraide en ligne, #MoisSansTabac … arrêter de fumer en groupe peut être très bénéfique. Les groupes d’ex-fumeurs, présents en particulier sur Facebook permettent d’échanger des ressentis, de poser des questions, de recevoir des conseils…

 

Être accompagné par un professionnel de santé dans son arrêt du tabac, c’est 70% de chances en plus de réussir son sevrage (source : https://web.archive.org/web/20231201233217/https://www.tabac-info-service.fr/j-arrete-de-fumer/j-arrete-de-fumer-seul-ou-accompagne). Qu’il s’agisse de votre médecin traitant, d’un tabacologue ou de tout autre professionnel de santé, ces professionnels sauront vous conseiller des méthodes adaptées à votre tabagisme.

Quelles méthodes pour arrêter de fumer ?

Ces substituts, remboursés par la Sécurité sociale, peuvent être prescrits dans le cadre d’un arrêt immédiat, pour réduire la consommation de cigarettes en vue d’un arrêt ultérieur, dans le cadre d’une impossibilité temporaire de fumer (voyage, hospitalisation etc). Ils peuvent être utilisés dès l’âge de 15ans et sont remboursés sans limitation de durée ni de posologie.
S’ils sont contre-indiqués pour les non-fumeurs ou en cas d’allergie ou d’hypersensibilité aux composants, ils sont recommandés chez les patients coronariens fumeurs, chez les femmes enceintes en cas de poursuite du tabagisme. Ils peuvent également être utilisés par les femmes allaitantes.

Comme expliqué dans le graphique ci-contre, les substituts ne permettent pas une arrivée de nicotine au cerveau aussi rapide qu’une cigarette. Les substituts nicotiniques contribuent en plus à une diminution de l’activité des récepteurs nicotiniques qui se déshabituent
et petit à petit entrainent une diminution de l’envie de fumer.
Cette nicotine médicale est également absorbée beaucoup plus lentement et ne produit pas les effets addictifs de la nicotine fumée : c’est pour cela que les envies de fumer peuvent persister ! Elles sont toutefois fortement atténuées.

 

La cigarette électronique ou vapoteuse


La cigarette électronique ou vapoteuse
Prisée par celles et ceux pour qui la gestuelle est importante, la vapoteuse permet de réduire les risques pour la santé tout en gérant son taux de nicotine. Elles sont également appréciées et utilisées, car elles provoquent le « Throat hit » : une sensation connue et recherchée par les fumeurs.
Elles ne contiennent pas de tabac mais de l’eau, de la glycérine végétale, du propylène glycol, des substances aromatisantes, des solvants, de l’alcool et de la nicotine (bien que certains liquides n’en contiennent pas !) Les dosages sont variables (0, 3, 6, 9, 12, 18, 20 mg/mL) et permettent de doser son apport en nicotine. Les liquides vendus en France sont contrôlés par la certification AFNOR.

« Thérapie brève qui vise à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées et des réactions en adéquation avec la réalité. »

Ce sont des thérapies psychologiques qui aident les personnes à modifier et à adapter un comportement ou un système de pensées. Elles agissent à la fois sur l’aspect cognitif qui peut être résumé par la lutte entre la volonté de la personne et l’effet pharmacologique du tabac sur son cerveau. Les TCC jouent aussi sur l’aspect comportemental : toutes les actions fréquentes du fumeur dans son quotidien.

Ces thérapies fonctionnent selon trois principes :

Un comportement renforcé est un comportement qui va se maintenir : si une personne fume quand elle se sent stressée, son comportement tabagique augmentera probablement dans les situations stressantes ;
Un apprentissage souvent répété ne peut se désapprendre : il faudra alors aider le fumeur à mettre en place un nouveau comportement et donc à modifier ses habitudes.
Un tel changement ne peut s’établir qu’avec une forte motivation : à la fois de la part du fumeur, mais également de son entourage
Concrètement, il s’agit d’apprendre et de mettre en place des stratégies d’évitement ou de remplacement du geste de fumer.

Dans certains cas, si le fumeur n’arrive pas à arrêter avec des substituts nicotiniques, un médecin peut prescrire des traitements médicamenteux. Une surveillance médicale est alors nécessaire pour en vérifier l’efficacité et surveiller l’apparition d’éventuels effets secondaires.

Ces traitements sont le bupropion qui n’est pas remboursé par la Sécurité sociale et surtout la varénicline (actuellement non disponible en raison d’un problème de production).

D’autres méthodes peuvent fonctionner comme l’hypnose, l’acuponcture, la sophrologie, les plantes, l’homéopathie, le magnétisme… elles ne sont pas validées scientifiquement mais peuvent vous aider en complément de stratégies validées. Mais attention aux arnaques qui vendent du miracle à prix d’or !