Fiche : Cannabis
Une drogue caméléon

Le cannabis, une drogue caméléon, à la différence des autres drogues il agit sur un grand nombre de récepteurs, disséminés dans l’organisme. Il est capable d’imiter toutes les drogues.

Problématique

Le cannabis peut provoquer les 5 effets des drogues mais avec un bémol. Ce n’est pas une drogue douce ni une drogue violente, c’est une drogue discrète : on peut même penser qu’on ne se drogue pas.

Mais c’est une drogue puissante : les fumeurs « excessifs » pluri quotidiens sont toujours dans un état second et s’ils peuvent encore donner le change, ils ne sont plus que des figurants dans leur propre vie. De plus, les effets du cannabis sont variables selon les individus la dose et le moment.

C’est une drogue difficile à connaître, les parents en ont trop peur, les enfants pas assez.

  • Euphorisant (on a le fou rire).
  • Stimulant (on a des idées géniales, on n’arrête pas de parler).
  • Sédatif (on est cool).
  • Enivrant (ivresse cannabique).
  • Hallucinogène ? Pas vraiment, mais certains cannabis sélectionnés ou de synthèse très concentrés en THC peuvent provoquer d’inquiétantes distorsions de la réalité (ce sont mes bras qui rallongent ou mes jambes qui raccourcissent ?)

Si cela fait beaucoup rire certains d’autres durablement échaudés ne seront pas près de recommencer.

Le cannabis, comment me situer ?

Du plus anodin au plus préoccupant

Ils sont 17 millions, presque la moitié de la population en âge de consommer, mais ce sont presque 17 millions dont on n’entendra plus jamais parler.

Un jour, en rentrant du collège, l’enfant d’un air coquin interpelle ses parents « la beuh ! », « le chichon ! » Il a entendu ça à l’école, ça a l’air intéressant et le mot est joli. Mais de là à essayer, il veut surtout voir comment ça fait quand on en parle aux parents. A la maternelle c’était Caca boudin ! A 10 ans, 1 sur 10, à 15 ans, 1 sur 4 se laisseront tenter.

Ils ont 17 ans, ils font leur jeunesse, c’est une péripétie de l’entrée dans la vie d’adulte et pour papa et maman un test de compétence parentale, sans doute le plus stressant. Cependant, depuis 2014, la consommation de cannabis des jeunes diminue, c’est une tendance persistante. Pour la plupart, on consomme occasionnellement en groupe à partir de don, d’échange entre amis, il n’y a pas de dealer patenté, pas de budget d’approvisionnement, pas de décrochage scolaire, même si les centres d’intérêt changent. Une passade donc. On se cherche et on se trouve généralement. Seuls 7,4 % auront un usage problématique.

Plus sérieux, l’usage régulier (10 fois dans le mois) concerne la fin de l’adolescence et les populations de jeunes adultes et d’adultes qui sont parfois des consommateurs très anciens, stabilisés (cannabis générationnel). Ils sont 1,4 million. Ils finissent quand même par arrêter, à 55 ans il ne reste que 2% de fumeurs dans la population générale. Cependant, nul n’est à l’abri de tomber dans un usage problématique.

Trop c’est trop !

Dans les cas les plus sévères, on fume trop de joints, trop tassés, trop concentrés en THC, il faut un fournisseur régulier et un budget.

Il y a des conséquences : fatigue, désintérêt, troubles de la mémoire.

L’entourage s’inquiète, on ne peut plus donner le change, on est désagréable, on déprime et on se replie sur soi.

Dans d’autres cas, les conséquences sont moins sévères, l’usage moins régulier, mais comme son nom l’indique toujours problématique.

L’usage problématique est définit par 2 réponses positives aux 6 questions du questionnaire CAST (cannabis), il concerne environ 700.000 personnes.

Trop c’est trop !

Une véritable dépendance

Parfois, la capacité à différer (la notion du temps et la mémoire sont perturbées), le déni (je connais, je contrôle), voire l’anosognosie : non perception de la modification de la conscience ou perception diminuée (ça ne me fait rien), la démotivation (déprime, inhibition du désir, de l’action), sont responsables d’un enlisement assez spécifique du cannabis émaillé de crises de colère. C’est un obstacle à la relation et au soin long et difficile à franchir. Il y a peut-être une comorbidité psychiatrique.

Chez les Usagers des CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques des Usagers de Drogues) : L’usage quotidien de cannabis concerne la moitié des personnes accueillies.

Le bad trip

Le cannabis peut provoquer des états de panique voire des effets qui n’ont rien à envier à la psychose. Cela peut se produire surtout avec des produits très dosés en THC mais pas seulement, le cannabis est imprévisible et son effet varie beaucoup selon les individus. Après un bad trip, on essaie encore une fois, et puis on arrête « définitivement » (on ne refera éventuellement des essais que très, très, prudemment).

Le voisinage avec la schizophrénie

Le voisinage avec la schizophrénie : la maladie mentale est parfois une hypothèque à lever.

Le cannabis thérapeutique ou récréatif ?

Notre ex-ministre de la santé A. Buzyn a ouvert le débat « …il n’y a aucune raison d’exclure sous prétexte que c’est du cannabis une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes. » Les dérivés du cannabis ont un potentiel thérapeutique. Le cannabidiol (mais il y en a bien d’autres) qui contient très peu de THC a montré son utilité dans diverses pathologies …et le sevrage du cannabis. Ces dérivés du cannabis sont utilisés et accessibles inégalement selon les pays. Epidyolex* (solution de cannabidiol) pour les épilepsies résistante de l’enfant, Sativex* (THC + CBD) pour les douleurs spastiques de la sclérose en plaque, Marinol* (dronabinol)…

Mais si la plante, à l’état naturel, n’a pas un effet assez ciblé, sûr et reproductible pour prétendre un jour être un médicament. Pour un usage récréatif, au même titre que l’alcool, elle garde un intérêt.

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