La parenthèse pour comprendre : pourquoi le tabac provoque-t-il une addiction ? Qu’est-ce qu’une addiction ?
« Substance PsychoActive : toute substance (naturelle ou synthétique) qui, lorsqu’elle est ingérée ou administrée, altère mentaux, comme les fonctions cognitives ou l’affect.» (OMS)
Les Substances Psycho Actives sont de trois sortes : les dépresseurs, les stimulants et les perturbateurs. Leurs effets, plus ou moins combinés sont : l’euphorie, l’excitation la sédation l’hallucination, l’ivresse.
Mais pourquoi on se drogue ?
D’abord on consomme les substances psychoactives pour les effets qu’elles procurent. On veut se désinhiber pour favoriser la communication, avoir un regain d’énergie, stimuler ses perceptions, se détendre. Mais surtout on en consomme pour le plaisir qu’elles procurent.
Pour autant, l’usage de SPA n’est pas sans conséquences et présente plusieurs risques : la toxicité aigüe à l’image d’une personne ivre qui aurait un accident de la route, la toxicité chronique d’un fumeur qui développerait des bronchites chroniques. Ces deux formes d’intoxication nuisent à la santé, au bien bien-être physique, mental et social de l’individu. Le troisième risque associé à l’usage est la dépendance à la fois physique et psycho-comportementale, celle qui pousse à continuer à consommer, même en cas de toxicité chronique. Il s’agit d’un état pathologique et l’on parle alors d’addiction.
L’addiction, comment ça marche ?
L’addiction est une perturbation du système de récompense, un trouble de la perception de ce que l’on pense être bon ou mauvais.
Certaines substances, lorsqu’elles sont consommées, certaines actions, provoquent dans le cerveau (dans l’aire tegmentale ventrale pour être précis) une sécrétion de dopamine, la fameuse « hormone du bonheur ». Le cerveau va ensuite garder en mémoire et associer ce plaisir à l’action qui l’a procurée : c’est ce qui permet nous de reconnaitre ce qui nous est bon. Mais si une consommation de substance psychoactive ou un comportement particulier, qui procure beaucoup de plaisir et de soulagement, est répété ou trop régulier, ce système de récompense peut être perturbé et les plaisirs « naturels » passer au second plan.
Une dépendance physique se crée alors à ces substances ou actions. C’est tout le système qui est perturbé : on entre dans une situation d’addiction, un trouble de l’usage mais surtout du désir.
Car ce qui caractérise l’addiction c’est cette notion de désir, de craving : une envie irrésistible de consommer/d’agir qui n’a rien à voir avec le sevrage physique.
C’est à ce moment que l’addiction s’autonomise et échappe au contrôle de l’individu : malgré une envie indéniable, il est parfois impossible de ne pas consommer.
Mais le tabac dans tout ça ?
• Prévalence du tabagisme en France que la population générale : 25,5 %.
• Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France : 75 000 morts / an, soit un stade de France chaque année.
• 2 fumeurs sur 3 meurent directement du tabac : cancers, maladies cardio-vasculaires, diabètes, maladies des poumons (BPCO)…
• La nicotine du tabac est l’une des substances psychoactives les plus addictives : 1/3 des fumeurs sont dépendants.
• Même les cigarettes occasionnelles peuvent entrainer des dégâts sur la santé et des débuts de dépendance.
• Plus on arrête tôt, mieux c’est ! Il y a toujours des bénéfices à l’arrêt, quel que soit l’âge.
Pourquoi on consomme du tabac ?
Les principaux effets recherchés sont l’amélioration de la concentration, de l’humeur et la régulation de l’appétit.
Lorsque l’on place le tabac dans un cube de dangerosité pharmacologique, on réalise que malgré une intensité des effets faible, sa toxicité et la dépendance qu’il induit sont tous deux parmi les plus forts.
Si l’intensité de ses effets sont faibles, on ne peut en dire autant des risques liés au tabagisme :
- Cancers : ORL, Poumons, Estomac, Côlon, Pancréas, Rein / Vessie, Utérus.
- Problèmes cardiaques ++.
- Troubles respiratoires : Toux chronique, BPCO, pneumonie, aggravation de l’asthme.
- Troubles psychiatriques : risques accrus de dépression et d’anxiété chronique, diminution des effets thérapeutiques des neuroleptiques.
- Troubles cognitifs : déclin cognitif général, diminution de la vitesse de traitement de l’information cognitive, troubles de l’attention, troubles de l’apprentissage et de la mémoire.
- Autres : troubles de la libido et fonction érectile, cataracte, complications post-opératoires, ulcère gastrique et troubles digestifs, fractures, troubles du sommeil…
- Réduction de qualité et de l’espérance de vie ++ : entre 6 et 10 ans de moins.
Mais alors pourquoi on fume ?
On fume parce que comme on l’a vu précédemment, le tabac est hautement addictif physiquement, mais également psychologiquement et comportementalement.
La dépendance physique : le « besoin de s’en griller une »
Lorsque l’on fume, la nicotine contenue dans le tabac mets moins de 10 secondes à arriver au cerveau : le shoot de dopamine est ultra rapide. Le circuit de récompense qui associe cigarette à plaisir se met alors en place très rapidement et il n’en faut pas plus au cerveau pour associer cigarette à plaisir. Le contact répété avec la substance va désensibiliser les neurotransmetteurs et bientôt, il faudra augmenter les doses pour avoir le même effet, ou souffrir d’anxiété.
Mais il faut bien noter que c’est la nicotine du tabac qui provoque cette tolérance et cette dépendance. Les études ont montré que si tabac + nicotine étaient hautement addictifs et très toxiques à cause de la combustion et de la fumée qui contient des goudrons et monoxyde de carbone cancérigènes, la nicotine seule était à la fois bénigne : ni dangereuse ni cancérigène, et très peu addictive !
Fumer peut devenir un réflexe, une habite ou un rituel confortable, que ce soit après le repas, avec un café, à heures fixes, en attendant le bus… Parfois la cigarette est amenée par la pression sociale : pour appartenir aux cools de son lycée, se donner une contenance en soirée, avec ses collègues à la pause. Certains fument aussi par ennui : c’est un réflexe que le cerveau amène car c’est une solution rapide, efficace et peu coûteuse en énergie de combler le temps.
Ce sont alors des situations et des contextes qui vont générer les cravings : ces envies de fumer, bien que puissantes ne durent que quelques minutes. Le plus efficace pour s’en défaire c’est de fumer et c’est là tout le problème. Néanmoins, en plus de la substitution si elle est acceptée, une des solutions qui marchent sont les TCC avec des astuces comportementales et entretiens motivationnels pour briser ces pensées réflexes et donc les automatismes qui poussent à fumer.
Sources
– Estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme, Santé Publique France, 2019.
– Vermeulen JM, Schirmbeck F, Blankers M, Van Tricht M, Bruggeman R, Van Den Brink W. Lieuwe de Haan. Association Between Smoking Behavior and Cognitive Functioning in Patients With Psychosis, Siblings, and Healthy Control Subjects: Results From a Prospective 6-Year Follow-Up Study. Genetic Risk and Outcome of Psychosis (GROUP) investigators. 2018.
– Anstey KJ, von Sanden C, Salim A, et al. : Le tabagisme comme facteur de risque de démence et de déclin cognitif : une méta-analyse d’études prospectives . Am J Epidemiol 2007 ; 166:367-378.